Forgetters : Forgetters (Midheaven)

Publié le par Patrick Foulhoux

cover-copie-2.jpgJawbreaker a été une des plus grosses machines de guerre post-Hüsker Dü passée au filtre du hardcore dit emo, créateur d’une nouvelle forme de pop qui devait autant aux Byrds qu’à la new-wave anglaise. Jawbreaker partageait ce talent avec Jawbox. Ils ont été les initiateurs d’un courant qui a dépassé les bornes des limites parfois. C’est une autre histoire. Après Jawbreaker, Blake Schwarzenbach a fondé Jets To Brazil qui n’a donné qu’un seul concert en France organisé par ma pomme. Concert qui mettait délibérément un terme à l’association Spliff Records. Autant finir une belle histoire en beauté. Après quelques aventures infructueuses, Schwarzenbach semble avoir retrouvé une formule stable avec Forgetters qu’il a composé avec Kevin Mahon (Against Me). Entre le peu recommandé double 45 tours des débuts et ce premier album, la bassiste a disparu. Pourquoi se frotter à l’album si les quatre premiers titres étaient chiants ?

Parce que Schwarzenbach.

Son simple nom (enfin, simple, faut le dire vite) suffit. Je reste fidèle au monsieur que je tiens pour un grand compositeur et un grand chanteur. Il me parle, pas toujours en bien (le double 45), mais il ne me laisse jamais en carafe au bord de la route, je ne reste jamais insensible à ses poussées d’adrénaline. Ce disque est produit par Jay Robbins (Government Issue, Jawbox, Burning Airlines…) avec qui Schwarzenbach partage le même angle de vue artistique. Deux fortes personnalités qui auraient du mal à s’associer et à s’accorder dans un projet commun tant l’identité de chacun est prononcée dans un registre relativement semblable. Quelque soient leurs groupes respectifs, les deux n’évoluent qu’en trio pour tout bien contrôler.

45 foiré, je me méfie. Je pose délicatement le vinyle sur la platine en poussant le volume. Si les mélodies n’y sont pas, je me laisserai porter par la guitare.

Première face sous l’emprise de la new-wave anglaise avec validation en face B : une reprise de Human League fort jolie dois-je avouer combien il m’en coûte de dire qu’une chanson de Human League me plaise. La première face est aventurière dans la lignée du premier double single. Ça part sur un “Strike“ sous Pink Floyd tendance Gilmour ! Ben merde alors ! Puis les mélodies à taille humaine reviennent doucement. Heureusement qu’il y a la guitare en guise de plumeau. Une guitare qui fait vite oublier qu’on a évité les putains de sales claviers synthétiques de merde. Là, c’est du rock, pas de la roupette de Samsonite. Par la force des guitares, Schwarzenbach se remet en ligne au point de raviver des effluves jawbreakoises comme sur “Hoop and Swan” où la guitare reprend presque à l’identique un célèbre gimmick de Jawbreaker.

En résumé, on retrouve Blake Schwarzenbach dans de très bonnes dispositions. Son évolution naturelle l’a amené à tâtonner, mais il a trouvé la recette, la preuve, il en a fait un album. Le monsieur n’est pas du genre à faire un disque pour faire un disque et satisfaire ses nombreux fans. Il faut qu’il y ait un sens.

Le voilà reparti avec un beau projet qui, espérons-le, tiendra un peu.

Si vous aimez la pop acidulée à grosse guitare, essayez pour voir si c’est à votre taille.

 

AA+

Publié dans Musique

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