Vinylmania : de Paolo Campana (Dissidenz)

Publié le par Patrick Foulhoux

Vinylmania visuel DVD

 

Les fétichistes collectionneurs de disques vinyle font leur propagande en prenant pour prétexte le Disquaire Day. Le documentariste italien a parcouru le monde (Los Angeles, San Francisco, New York, Londres, Berlin, Paris, Tokyo) pour collecter des témoignages étayant la thèse que le vinyle reste le seul support qui vaille pour écouter de la musique pour des raisons techniques (qualité du son supérieure aux supports numériques et digitaux), esthétiques (la taille de la pochette permet aux graphistes de s’exprimer), artistiques (œuvre d’art) et commerciales (seul format valorisant le contenu). Paolo Campana est lui-même un fondu de vinyles. Il est parti caméra au poing, en quête de la seule question existentielle qui vaille, pourquoi le vinyle ? Pour ça, son film démarre en Tchéquie à la désormais célèbre usine de fabrication GZ. Il rencontre des collectionneurs atteints de “collectionnite aggravée” qui collectionnent pour collectionner. On se demande ce que la musique vient faire là-dedans. Ils pourraient tout aussi bien collectionner des chaussettes en lin de taille 36 à liseré vert. Comment écouter 50 000 disques chez soi ? Ou même 20 000 comme Philippe Cohen Solal du Gotan Project ? Le débat amateur de musique / collectionneur n’est pas ouvert dans le film. Pas plus que la question de savoir pourquoi et comment le vinyle a connu un retour en grâce ? C’est dit implicitement par les DJ’s interviewés, encore faut-il avoir été immergé dans le monde de la musique ces vingt ou trente dernières années pour comprendre ce qui est évoqué à mots couverts. Parmi les nombreux témoignages, on se régale de celui du célèbre graphiste Winston Smith qui a fait quelques pochettes de disques punk hardcore d’anthologie (et le visuel de ce double DVD) ou celui de Klaus Flouride (Dead Kennedys). Tous les intervenants semblent avoir des points communs inquiétants, surtout si soi-même on est aussi frappé de vinylmania, tous montrent des célibataires ou semblant l’être, à tendance psychopathes. Le copain français du réalisateur qui doit posséder dans les 100 000 vinyles si on en croit les chiffres qu’il donne après l’inondation de son garage, on n’a pas envie d’aller chez lui tellement c’est le souk. Ça fait plus décharge à vinyles qu’autre chose. Un joli film de propagande pour vinylmaniaques convaincus, adeptes d’un rythme de vie réglé sur 33 tours / minute. Les disquaires indépendants devraient organiser des projections du film dans leurs échoppes avec petits fours et gros rouge qui tâche.

 

A++

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