Bob Mould : Silver Age (Merge Records)

Publié le par Patrick Foulhoux

bob-mould_silverage_900px.jpgPersonnage hors-norme, un des plus talentueux compositeurs américains de ces trente dernières années, capable de manier le hard-core le plus brûlant et la pop la plus câline d’obédience Byrds (pour ne pas dire Beatles, ça m’écorcherait la gueule – message codé -). Ce qu’il démontra merveilleusement avec les mythiques Hüsker Dü, premier groupe avec REM issu du circuit punk américain dans les années 80 à signer sur un label major. Puis il y eut le féérique bien que trop court épisode Sugar dans les années 90 où Bob Mould reprenait là où Hüsker Dü avait arrêté. Bob Mould, un des pères fondateurs du son américain et anglais des 90’s. Tout le courant emo, hard-core et punk mélo n’auraient vraisemblablement jamais existé sans lui, entre autres piliers.

On évoque régulièrement la patte du compositeur en omettant trop souvent de mentionner le chanteur. Sa voix (proche de celle de Phil Collins – message codé 2 -), est un modèle de profondeur malgré sa hauteur. Une preuve flagrante est donnée sur le DVD Burn To Shine, Washington DC 01.14.2004 où il dame le pion, seul avec sa guitare acoustique, aux Q & Not U, Ted Leo ou The Evens. Excusez du peu. Autre détail qui a son importance, le son de guitare unique au monde, toujours le même.

Retiré des bagnoles, Bob Mould s’est adonné à une autre passion, le catch, avec une casquette de manager. Je ne saurais trop vous recommander de lire la biographie écrite avec Michael Azerrad, See A Little Light (Little, Brown and Company) en anglais en attendant qu’un éditeur français se penche sur ces pages (appel du pied à peine appuyé – message codé 3 -). Tant que vous y serez, cognez-vous aussi Hüsker Dü, The Story of the Noise-Pop Pioneers Who Launched Modern Rock (Voyageur Press) d’Andrew Earles.

Avec tout ça, il a quand même trouvé le temps d’enregistrer depuis 1989, une dizaine d’albums sous son nom. Il semble que Mould ait besoin de compagnons de route pour être à son aise, pour contrebalancer, parce que seul, il manque d’appuis sur lesquels se reposer. Par politesse, on dit que ses disques sont plutôt “pas mal”, par respect pour le bonhomme. On écoute une paire de fois et on range. Life & Times (Anti-, 2009) affichait de belles intentions, qui auraient suffi à 95 % de la production mondiale pour faire un disque honorable, mais il manquait le petit déclic mouldien qui fait d’une jolie chanson, un tube.

Pour amorcer la pompe, était lancé le clip de la gigantesque “The Descent” qui renoue avec Hüsker Dü et Sugar. Tous les fans étaient au taquet. On attendait Silver Age comme des chiens affamés, la chaîne prête à péter. Mould semble revenir aux fondamentaux.

Quand tombe le disque, on se jette dessus comme des morfales, on entend sans écouter, on est ébahi par la clarté des chansons, la luminosité des mélodies, la pureté des harmonies… Oh là, calm down baby ! Après vingt-sept tours de manège hystériques, on descend de cheval et on tend l’oreille. Hormis la foudroyante “The Descent”, l’ensemble s’avère être dans la bonne moyenne pour un bon cru. Un tube et une poignée de semi-hits. Silver Age est une bonne cuvée.

On nous a rendus notre Mould, et ça, déjà…

Notez au passage qu’avec Silver Age, il tente de relancer un logo après celui, célèbre, de Hüsker Dü pompé sans complexe par Jawbreaker et Fucked Up qui, eux, ont poussé le concept plus loin rapport à leur nom (deux mots, nombre de lettres, lisez Fucked Up dans une glace, ça fait presque Hüsker Dü) .  

Bob Mould reste le roi incontesté dans sa discipline.

 

AAA

 

 


 

 

Publié dans Musique

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O
Hello camarade.<br /> Je me souviens avoir jeté à l'époque une oreille aux premiers Hüsker Dü, sans accroché, et du coup pas suivi les productions ultérieures de Mould. Mais ta chronique m'a donné envie d'aller fouiner<br /> dans ce qu'avait fait le bonhomme et donc je me découvre doucement (et donc bien à la bourre) les Sugar: à la 1ère écoute, ça sent plutôt la bonne pioche. Merci donc.<br /> Keep on rockin'
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P
<br /> <br /> Salut amigo,<br /> <br /> <br /> Mamamia, pour Sugar et Hüsker Dü, vas-y les yeux fermés.<br /> <br /> <br /> Pour Bob Mould, avance doucement, c'est plus risqué. Mais ce dernier album est une petite perle dans la bonne tradition Bob Mould.<br /> <br /> <br /> Bonne écoute.<br /> <br /> <br /> <br />