Alice Russell : To Dust (Differ-Ant)

A chaque nouvel album, Alice Russell fait reculer la vulgarité. Elle mord sur le terrain du R&B en recyclant ses artifices à des fins avouables. Elle est l’une des premières interprètes britanniques à avoir compris et assimilé le phénomène Amy Winehouse. Alice Russell est une chanteuse soul “vintage” au solide background. Pour autant, sa patine est actuelle. Avec un vrai style, une identité. Les puristes mal embouchés trouveront sa démarche opportuniste. Alice Russell reste toujours du bon côté du miroir aux alouettes. Elle joue sur de la dentelle veloutée et crémeuse. Elle me bluffe à chaque sortie. Mais avec To Dust, elle pousse loin le bouchon comme si elle cherchait à tester l’endurance de son auditoire tout en aguichant le “grand public”. Après une paire d’écoutes passée, pétrifié par la tonalité “tapageur” de To Dust, on entre dans le vif, la voix sucrée, le cœur léger et les délicates orchestrations. Une fois saisi le stratagème, on se laisse bercer par un disque où les tubes se disputent la plus haute marche du podium (longtemps qu’on n’avait pas vu une telle concentration de hits sur un même album). Plus on écoute, plus on fond. Plus on fond, plus on écoute. Arrivé au bout, on remet un jeton dans le bastringue pour refaire un tour de manège et plus ça va, meilleur c’est. Voilà le disque parfait pour propulser Alice Russell là où elle devrait être depuis quelques albums, en haut des charts.

AA+